Addiction aux jeux vidéo

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Deux garçons jouent aux jeux vidéos Getty / Robert Daly

En quelques dizaines d’années, l’utilisation des jeux vidéo a littéralement explosé (ce sont les jeux préférés des 10-15 ans). Les joueurs et « gamers » sont donc extrêmement nombreux et cela ne se fait pas sans risques. En effet, la pratique intensive des jeux vidéo peut poser des problèmes, les joueurs devenant véritablement accro. Dès lors, on peut parler de véritable addiction aux jeux vidéo.

Remarque : les études prouvent que les jeux violents ne suffisent pas, à eux seuls, à pousser à un passage à l’acte.

Apprenons-en un peu plus sur cette addiction d’un nouveau genre.

Addiction aux jeux vidéo : un phénomène nouveau

L’addiction aux jeux vidéo est un phénomène relativement nouveau. Il a surtout explosé ces dernières années avec la possibilité de jouer en réseau sur Internet au sein d’une communauté de joueurs. Ce développement est exponentiel au point que l’industrie du jeu vidéo rapporte désormais plus que celle du cinéma.

Bon à savoir : en France, en 2012, on recensait 28 millions de joueurs soit plus de 55 % de la population, 83 % d’entre eux ayant plus de 18 ans (moyenne européenne : 30 ans, surtout des hommes).

Même s’il ne faut pas minimiser le temps de jeu passé sur une console, une tablette ou un smartphone par de nombreuses personnes, ce sont essentiellement les MMORPG (Massevely Multiplayer Online Role Playing Game – Jeux de rôle en ligne massivement multi-joueurs tels que World of Warcraft) qui sont responsables de véritables addictions.

Il est important de différencier les pratiques ludiques du jeu vidéo (les européens passent en moyenne une à cinq heures par semaine à jouer) de la pratique exclusive qui, dans des cas extrêmes, nuit aux besoins primaires tant les joueurs sont plongés dans le jeu.

On parle de gros joueurs (hardcore gamers) pour les personnes qui jouent aux jeux vidéos plus de 14 heures par semaine (l’équivalent de deux heures par jour, donc) mais on peut estimer qu’il s’agit d’une addiction au sens médical du terme lorsque les joueurs passent plus de 30 heures par semaine à jouer, ce qui est déjà beaucoup. Mais certaines personnes jouent jusqu’à 15 heures par jour (les psychiatres parlent parfois de « perfusion relationnelle numérique »).

Au final, ce qui est considéré comme un trouble psychologique ne concerne qu’une faible proportion de joueurs. Ces derniers sont littéralement incapables de se passer du ou des jeu(x) en question.

À noter : même si on ne dispose que de peu d’études sur le sujet, on estime qu’environ 8 % des jeunes âgés de 8 à 18 ans présentent des symptômes d’addiction aux jeux vidéos. Néanmoins, les personnes véritablement accros sont principalement des adultes âgés de 20 à 35 ans.

Symptômes liés à l’addiction aux jeux vidéo

L’addiction aux jeux vidéo se traduit habituellement par :

  • une impossibilité à gérer son temps de jeu et donc à le limiter ;
  • des troubles alimentaires : on fait au plus vite pour retourner jouer donc on ne s’alimente pas correctement ;
  • des troubles du sommeil : on dort peu pour jouer plus ;
  • des troubles psychologiques liés aux jeux : agressivité mais aussi anxiété, tristesse, etc.
  • un comportement quasi autistique avec un repli sur soi.

À noter : ces joueurs invétérés sont le plus souvent exempts de pathologies psychiatriques avérées.

Les conséquences de l’addiction sont multiples :

  • l’absence de pratique d’activités sociales entraîne la rupture des liens sociaux, amicaux et familiaux ;
  • des difficultés à réaliser correctement ses tâches scolaires ou professionnelles, etc.

Bon à savoir : il ne faut pas non plus nier que les jeux vidéos présentent des aspects positifs puisqu’ils développent l’agilité mentale, la réflexion pour établir une stratégie ou résoudre un problème ou des énigmes (avec des jeux comme Myst par exemple) et ils favorisent la coopération (c’est notamment le cas de certains MMORPG).

Addiction au jeux vidéo : quelles solutions ?

Il existe aujourd’hui des consultations spécialisées en milieu hospitalier pour venir en aide aux personnes qui souffrent d’addiction aux jeux vidéo. Néanmoins, c’est plus souvent l’entourage du joueur qui ira consulter que le joueur lui-même. En effet, il est fréquent que la famille ou les proches ne sachent plus quoi faire et soient confrontés à un repli de la personne, laquelle peut même devenir violente si on cherche à l’empêcher de jouer.

De plus, il n’est pas rare que les joueurs refusent d’aborder la question, voire nient le problème.

Bon à savoir : la surconsommation de jeux vidéo est un trouble qui exprime souvent une souffrance qui se traduit par cette addiction comme elle aurait pu le faire par une autre, qu’elle soit comportementale (addiction aux jeux d’argent ou au sexe par exemple) ou liée à une drogue ou à l’alcool.

Au final la prise en charge de ce type de troubles s’effectue par le biais de consultations individuelles ou familiales. Il peut également se révéler nécessaires de procéder à une hospitalisation de courte durée afin de réaliser un bilan, de favoriser la prise de recul et donc une réflexion entre le joueur et son entourage.

Des approches de groupe sont également envisageables, elles donnent généralement de bons résultats.

Néanmoins, pour qu’elle soit efficace, cette prise en charge doit pouvoir s’étaler dans le temps. C’est à cette seule condition qu’il est possible d’assurer le développement de capacités relationnelles et la reconstitution d’assises narcissiques suffisantes.

Une prise en charge pluridisciplinaire est souvent conseillée, celle-ci pouvant faire intervenir un médecin, un psychologue, un addictologue, une assistante sociale, un éducateur, etc.

Cas des enfants qui jouent beaucoup

Sans qu’il s’agisse d’une addiction à proprement parler, certains enfants ont tendance à passer trop de temps devant les jeux vidéos.

Attention : il est indispensable de distinguer les pratiques passagères de l’enfance et de l’adolescence des situations addictives dramatiques de joueurs plus âgés.

Il est toutefois possible de limiter cette pratique exagérée en mettant en place quelques stratégies toutes simples :

  • Les parents doivent faire en sorte d’éviter d’interdire à tout prix à leurs enfants de jouer aux jeux vidéos. Une personne souffrant d’addiction même légère trouvera toujours le moyen de contourner cet interdit en jouant ailleurs, chez des amis, dans des cybercafés, etc. et il sera encore plus difficile de garder un œil sur elle.
  • Les parents qui souhaitent aider leurs enfants à se sortir de l’addiction peuvent essayer de comprendre l’intérêt que suscitent les jeux en question. L’idéal est donc de s’intéresser réellement au jeu en essayant de s’y initier avec son enfant et d’en parler avec lui. Par ailleurs, s’intéresser à l’univers du jeu permettra aussi aux parents les plus inquiets de se rassurer en se faisant une représentation souvent moins terrible de la chose que ce qu’ils pouvaient imaginer jusqu’alors. De plus, l’enfant vous ayant vu jouer un peu prêtera plus d’attention à vos restrictions car vous serez plus crédible : vous savez de quoi vous parlez…
  • Mettez en place des horaires réalistes. Il ne sert à rien de chercher à limiter le jeu à une demi-heure par jour, c’est trop peu, surtout pour un joueur accroc qui était habitué à passer plusieurs heures par jour devant son écran. Il est certainement plus raisonnable de fixer une limite à ne pas dépasser avec votre enfant (en fonction de son âge) et faire en sorte qu’il tienne son engagement. Plus qu’une durée de jeu, vous pouvez fixer un horaire auquel arrêter.
  • Définissez les conditions de jeu, par exemple après avoir finit ses devoirs, uniquement dans le salon ou dans la chambre, seulement tel ou tel type de jeu (en fonction de l’âge aussi, certains jeux violents étant interdits aux plus jeunes). Dans la mesure du possible il est d’ailleurs préférable d’installer l’ordinateur ou la console dans un lieu de passage de façon à pouvoir garder un regard sur l’activité de votre enfant et maintenir une présence familiale (d’où le problème des consoles portables).

Bon à savoir : les chercheurs établissent un lien très net entre le temps passé sur les écrans, le sommeil et les performances des enfants en termes de langage, de mémoire, de réactivité et de concentration. Par ailleurs selon une étude parue le 14 janvier 2020 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France les enfants exposés 20 minutes aux écrans le matin avant l’école auraient trois fois plus de risque de souffrir de troubles du langage.

Ces pros peuvent vous aider