
Le délire est une perte du sens de la réalité avec une confusion des idées. Il touche toutes les pensées de la personne en l’envahissant complètement de façon intermittente ou permanente. C’est un symptôme psychiatrique présent dans plusieurs maladies mentales et physiques.
Le point dans notre article.
Qu’est-ce que le délire ?
Le délire est un trouble qui affecte le fonctionnement de la pensée. Les idées n’ont pas de sens, elles vont à l'encontre de l'évidence et la perception de la réalité est complètement altérée. La personne qui délire a des convictions fausses auxquelles elle adhère totalement sans s’en rendre compte.
Les critères du délire sont :
- la croyance est fausse ou impossible ;
- le fait d'être sûr de cette croyance avec une conviction totale ;
- la personne ne croit pas les contre arguments convaincants ou la preuve du contraire.
C’est un symptôme de maladies physiques (maladies neurologiques, accident ou fièvre intense), mais aussi de maladies mentales (schizophrénie, paraphrénie, paranoïa, épisodes maniaques du trouble bipolaire ou encore dépression psychotique). Le délire peut alors être aigu sur quelques heures ou quelques jours ou bien chronique pendant plusieurs années, parfois à vie.
Le diagnostic de délire est difficile car chacun a des croyances plus ou moins ambiguës. Il faut donc considérer cette fausse croyance dans son contexte et rechercher d’autres critères comme les fausses croyances dans plusieurs domaines ou bien les hallucinations.
Symptômes du délire
Il existe autant de symptômes de délire qu’il y a d’individus. Cependant, on retrouve toujours une adhésion (ou une conviction) totale et inébranlable à la fausse croyance, même lorsque l’on apporte la preuve du contraire. La personne délirante trouvera toujours un moyen pour expliquer les choses d’après sa version.
Les idées délirantes peuvent être en rapport avec des thèmes, des croyances ou des convictions de la vie imaginaire qui sont prises pour la réalité. Les thèmes délirants sont nombreux :
- le délire de persécution (complots dirigés contre la personne) ;
- le délire de préjudices et de revendications ;
- le délire mystique (possession démoniaque) ;
- les délires amoureux (jalousie, érotomanie) ;
- les idées de grandeur (mégalomanie) ;
- le délire de filiation (la personne descendrait d’un ancêtre connu) ;
- le délire nihiliste (la personne croit qu’elle n'existe pas ou qu'elle est décédée) ;
- le délire de référence (tout ce qui se passe a une signification personnelle) ;
- l’hypocondrie (préoccupations corporelles hors de la réalité).
L'imagination devient débordante et souvent fantasmatique. La personne fait des fabulations, vit dans ce monde imaginaire et y croit complètement. Les faits sont interprétés et la personne délirante voit des signes partout en faisant des déductions fausses qui ne signifient quelque chose que pour elle.
Le délire peut parfois être « systématisé » (paranoïa, érotomanie) avec une organisation, une construction, une cohérence et une logique qui peuvent parfois même convaincre son entourage. Lorsqu’il est moins systématisé, le délire est irréaliste (c’est souvent le cas dans les psychoses comme la schizophrénie par exemple) et s’accompagne d’hallucinations sensorielles (auditives, visuelles, olfactives, gustatives, ou tactiles).
Délire : quelles causes ?
Le délire survient lorsque le cerveau est atteint d’un dysfonctionnement qui peut avoir plusieurs causes :
- une déshydratation ou une malnutrition ;
- une hypoglycémie ;
- une rétention aiguë d’urine ;
- une démence (Maladie d’Alzheimer ou Démence fronto-temporale par exemple) ;
- une tumeur du cerveau ;
- une forte fièvre ;
- un effet secondaire d’une opération chirurgicale (délire post-opératoire) ;
- la phase maniaque d’un trouble bipolaire ;
- une psychose comme la schizophrénie ;
- une consommation de drogues ou d’alcool ;
- certains médicaments.
Le médecin réalisera un examen clinique pour rechercher une cause à l'origine du délire. Des examens complémentaires seront demandés si nécessaire. Si aucune cause physique n’a été identifiée, la personne sera orientée vers un psychiatre dans l’éventualité d’une maladie mentale. Si les causes du délire sont identifiées et traitables, la récupération peut être rapide.
Traitement du délire
Identifier et traiter la cause permet dans la plupart des cas de faire disparaître le délire. Amener la personne à accepter un traitement est fondamental pour la soulager et réduire sa souffrance morale. Pour ce faire il faut établir un rapport d'empathie et de confiance avec la personne délirante et lui faire savoir que l'on reconnaît sa douleur et sa peur. Il s'agit d'un processus d'une extrême délicatesse qui doit au plus vite déboucher sur une prise en charge spécialisée.
En cas de survenue brutale d'un délire, la prise en charge se fait en urgence pour rechercher la cause et utiliser un médicament antipsychotique par voie orale ou intramusculaire en cas de refus. L’hospitalisation est parfois nécessaire. En cas de cause psychiatrique, les neuroleptiques, les antidépresseurs, ou bien le lithium sont utilisés, selon les cas, et des psychothérapies sont souvent préconisées avec un psychiatre et/ou un psychologue.
Le lithium est particulièrement intéressant, car il permettrait une augmentation de la densité dendritique (les dendrites sont des prolongements des corps cellulaires des neurones recevant l’information transmise par leurs voisins), ce qui permettrait aux patients souffrant de troubles bipolaires d’atteindre une densité identique à celle des sujets sains (ce qui n'est pas le cas des patients non traités par lithium, pour lesquels elle reste inférieure). Ainsi, le lithium permettrait d’améliorer la plasticité du cerveau et la communication entre neurones, d'où son intérêt majeur.
Source : AP-HP. Effets du lithium sur le cerveau dans le traitement des troubles bipolaires : vers la confirmation d’un mécanisme d’action. Publié le 10/04/2019.