Érotomanie

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Femme pensive maladie

L'érotomanie est un délire passionnel caractérisé par la conviction d'être aimé par une personne à position sociale reconnue ou enviée.

Bon à savoir : ce trouble a été décrit pour la première fois en 1921, par Clérambault.

Caractéristiques générales de l'érotomanie

L'École de psychiatrie française a établi au siècle dernier une classification des troubles mentaux que sont les psychoses et délires chroniques. Elle définit l'érotomanie comme une forme de psychose paranoïaque appartenant à la catégorie des délires passionnels.

Érotomanie : délire paranoïaque

L'érotomanie appartient aux délires paranoïaques. Ce sont des états délirants chroniques caractérisés par :

  • Une systématisation du délire : la construction du délire suit une certaine cohérence. Associée à la conviction absolue et inébranlable du malade, celle-ci peut entraîner l'adhésion d'un tiers.
  • Un mécanisme interprétatif du délire : le sujet perçoit correctement la réalité, mais lui attribue un sens erroné.

Bon à savoir : l'adhésion d'un tiers veut dire qu'une tierce personne est susceptible de juger plausible le récit délirant.

Les délires paranoïaques se développent volontiers chez des personnes présentant auparavant un trouble de la personnalité de type paranoïaque avec :

  • hypertrophie du moi : le sujet surestime ses capacités et son importance ;
  • fausseté du jugement : le délire s'accompagne d'une absence totale d'autocritique ;
  • méfiance : les autres sont perçus comme malveillants voire hostiles ;
  • psychorigidité : le sujet est enfermé dans un système de valeurs qu'il refuse de remettre en cause.

Bon à savoir : en psychanalyse freudienne, le moi désigne une entité de la pensée qui aménage les conditions de satisfaction de ses pulsions en tenant compte des exigences du réel.

Érotomanie : délire passionnel

L'érotomanie est un délire passionnel parmi d'autres. Les caractéristiques de ces délires sont :

  • un début brutal, initié par une interprétation ou une intuition délirante ;
  • une construction « en secteur » : le délire touche un secteur précis de la vie psychique, affective ou relationnelle du sujet et reste focalisé sur son objet.

Bon à savoir : parmi les délires passionnels, on trouve également les délires de jalousie et de revendication. Ils ont tous en commune d'être inspirés par la passion, d'où leur nom.

Spécificités de l'érotomanie

Certains éléments sont spécifiques de l'érotomanie :

  • L'objet du délire (la personne aimée) est une personnalité ou une personne socialement reconnue ou enviée, qui bien souvent ne connaît pas l'érotomane.
  • Le délire naît dans l'intuition que celle-ci manifeste son affection pour l'érotomane par télépathie, par le biais de messages secrets, de regards, ou indirectement à travers les médias.

La marche du délire est ensuite variable, mais la plus fréquente suit trois phases :

  • l'espoir : l'érotomane envoie des signes affectifs à l'objet de son délire. Ce dernier ne répond pas ou le rejette. L'érotomane espère qu'il va se déclarer ouvertement et interprète les refus comme un stratagème pour cacher cet amour au reste du monde. Cette phase peut aller jusqu'au harcèlement.
  • le dépit : une fois l'espoir déçu, l'érotomane tombe le plus souvent dans la dépression et l'isolement. Il peut développer des conduites agressives ou suicidaires.
  • la rancune : l'agressivité se tourne vers la personne aimée et peut mener au crime passionnel.

Érotomanie : quelle prise en charge ?

Dans la prise en charge de l'érotomanie, la principale difficulté va être de faire adhérer le patient aux soins puisqu'il n'est pas capable de critiquer son délire :

  • Le recours à l'hospitalisation n'est indiqué que dans certains cas :
    • décompensation anxieuse ou dépressive, risque suicidaire ;
    • hétéro-agressivité : le recours à l'hospitalisation sous contraintes, dite « à la demande d'un représentant de l'État » est nécessaire.
  • Le traitement médicamenteux repose sur :
    • les antipsychotiques à posologie minimale efficace, comme le Risperdal®, le Solian® ou le Zyprexa® ;
    • les antidépresseurs : ils sont indiqués en cas d'épisodes dépressifs caractérisés ;
    • les benzodiazépines : ils sont parfois utilisés pour calmer les manifestations anxieuses.
  • La psychothérapie n'a pas démontré son efficacité dans ce type de délires.

À noter : lorsqu'une hospitalisation est nécessaire, l'hospitalisation dite « à la demande d'un tiers » est contre-indiquée, car l'érotomane risquerait de retourner son agressivité contre le tiers.

Pour en savoir plus :

  • Comment soigner la paranoïa ? Quels sont ses symptômes ? Comment se comporter face à une personne paranoïaque ? Lisez notre dossier pour faire le point sur cette pathologie.
  • L'érotomanie fait partie des troubles psychologiques. Il en existe beaucoup d'autres. Apprenez à les reconnaître et à comprendre leur origine en lisant notre article.
  • La prise d'antidépresseurs n'est pas sans impact sur l'organisme. On vous en dit plus dans notre article consacré aux effets secondaires des antidépresseurs.

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