
On qualifie de dépendance l'addiction à une substance ou à un comportement devenu compulsif. La co-dépendance survient quand une personne de l'entourage se croit obligée de côtoyer le dépendant à tout prix parce qu'elle tire un bénéfice inconscient de cette proximité, quitte à maintenir le dépendant dans sa dépendance.
La co-dépendance affective se traduit par la pensée « d'avoir besoin que l'autre ait besoin de soi » : il faut que l'autre soit malade, triste ou malheureux pour que je puisse être moi. Comment discerner une co-dépendance affective ? Comment naît la co-dépendance affective et comment s'en débarrasser ?
Le point maintenant.
Qu'est-ce qu'un co-dépendant affectif ?
Les personnes co-dépendantes affectives sont beaucoup plus soucieuses de leur entourage que d'elles-mêmes, comme si elles n'avaient pas droit au bonheur mais qu'elles avaient le devoir de rendre le monde entier heureux.
La seule illusion de bonheur que ressent la personne co-dépendante affective est le bénéfice inconscient qu'elle tire de son rôle d'accompagnant. Mais le co-dépendant ne réalise pas que son accompagnement est souvent plus nocif que bénéfique ; et même qu'il lui faut maintenir inconsciemment le mal-être de l'autre afin de continuer à pouvoir s'estimer soi-même.
Pourquoi devient-on co-dépendant affectif ?
Le plus souvent, la co-dépendance affective s'installe chez des personnes ayant eu une enfance perturbée, éventuellement dans un foyer dysfonctionnel. Divorce, séparation, deuil, autant d'événements traumatisants qui ont pu donner très précocement à l'enfant l'illusion qu'il lui appartenait de réparer le foyer, la famille ou un individu.
Trop valorisé trop tôt, confident de problèmes qui le dépassent, l'enfant, puis l'adolescent et l'adulte développe une forme de pensée magique par laquelle il se sent le seul capable d'apaiser, de soigner et même de guérir le mal-être de ses proches puis de son entourage.
Cette pensée magique devient alors une forme d'addiction qui fait que la personne ne se sent elle-même qu'en présence de personnes qui vont mal. À partir de là, les relations aux autres et à soi-même sont faussées ; les personnes qui nous séduisent sont celles qui ont des problèmes, celles qui nous permettront de devenir soignant, accompagnant, guérisseur.
L'adulte co-dépendant n'est alors attiré inconsciemment que par des personnes qui vont mal ; la séduction, le charme et l'amour n'ont pas leur place puisque ce que recherche, sans en avoir conscience, le co-dépendant est de continuer à être un homme ou une femme « pansement » qui a besoin que l'autre soit un « patient ».
Signes de la co-dépendance affective
Certains comportements récurrents doivent amener à se poser la question de l'existence d'une co-dépendance :
- incapacité à se fixer des limites et à les respecter : parce que l'influence des autres ou des pensées qu'ils pourraient avoir de nous sont plus importantes que nos propres décisions ;
- incapacité à dire NON : parce que refuser serait perdre sa position de pansement et s'accorder de l'autonomie et reviendrait à trahir sa vocation de victime ;
- crainte immodérée de l'autorité : parce que l'on se sent au service des autres, tant de ses chefs que de sa famille, on redoute toute remarque qui pourrait laisser à penser que notre engagement était insuffisant. On fuit la colère et on craint le mécontentement.
Bon à savoir : ces quelques indices ne sont que des pistes de réflexion qui doivent amener à un bilan auprès d'un psychologue ou d'un psychothérapeute qui pourra prendre la mesure d'une éventuelle co-dépendance et entamer l'accompagnement vers la libération.
Co-dépendance affective : comment en sortir ?
Bonne nouvelle pour les co-dépendants : si sortir de la co-dépendance affective est profitable pour soi, ça l'est aussi pour les autres ! Parce que le co-dépendant affectif, malgré le rôle de pansement qu'il croit jouer, est un frein à la libération de l'autre.
Inconsciemment, afin de continuer à être le soignant, le co-dépendant maintient l'autre dans son mal-être sans lui laisser prendre conscience de son état et lui accorder l'autonomie nécessaire pour se soigner. Pourquoi ? Parce que si l'autre venait à sortir de son mal-être, que deviendrait-il de la position du co-dépendant ?
Exemple : une femme battue ou abusée par son compagnon peut, inconsciemment, refuser de parler, de se rebeller et de porter plainte, ce qui permettrait pourtant à son conjoint de prendre conscience des abus qu'il lui fait subir et de se faire soigner. Il est plus « facile » à cette femme d'endurer les abus que de tenter de trouver une solution à ces relations abusives.
Outre les psychothérapies spécialisées dans la prise de conscience et la libération de la co-dépendance affective sous forme de séances individuelles et de groupe, la parole est déjà libératrice que ce soit auprès de professionnels mais aussi de groupes d’entraide. Citons Al-Anon (pour les personnes proches des alcooliques) et Nar-Anon (pour les personnes proches des toxicomanes). Dans ces groupes, les personnes co-dépendantes arrivent généralement à surmonter leurs réticences et à profiter du contact et de l'expérience d’autres personnes confrontées à des situations similaires.
Pour en savoir plus sur les psychothérapies et en apprendre davantage sur soi-même :
- Langage corporel : 15 gestes qui vous trahissent.
- Vivre avec un alcoolique : ce qu'il ne faut pas faire.
- Zoom sur le contrôle compulsif.
- Pour approfondir le sujet, téléchargez gratuitement notre guide des Psychothérapies.