
Des pensées inacceptables, contraires à votre nature et à la logique de votre situation, reviennent en boucle et vous paralysent. La peur de les voir survenir et, pis encore, de leur obéir en commettant des actes transgressifs, anormaux, délictueux, voire criminels, est appelée « phobie d'impulsion ». Fortement handicapant et angoissant, ce trouble de la pensée consciente est heureusement réversible. Voici comment guérir la phobie d'impulsion.
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1. Identifiez la phobie d'impulsion
Contrairement à ce que laisse entendre son appellation, la phobie d'impulsion n'est pas une phobie mais un trouble du traitement de l’information. Incontrôlables bien que conscientes, des pensées intrusives, menaçantes, reviennent sans cesse, engendrant une peur de type phobique.
Des images obsessionnelles
Visions prégnantes, flashs impétueux et répétitifs : plus vous essayez de chasser vos obsessions, plus elles reviennent, sans que vous ayez la possibilité ni de les contrôler, ni de modifier leur contenu.
Ce phénomène crée chez vous de l'anxiété. Un cercle vicieux se met en place : l'angoisse s'installe avec sa symptomatologie somatique, atteint votre santé psychologique et vous rend malade.
Un contenu illogique
Ces obsessions ont un contenu illogique, à l'encontre de votre nature, inattendu et scandaleux, inacceptable. Elles s'imposent sous forme de scènes.
- Il s'agit de situations agressives, absurdes et incongrues : faire mal à ceux que vous aimez, que vous respectez, et à qui vous n'avez pas de raison de faire du mal.
- L'objet de vos impulsions peut aussi concerner les gens de la rue.
- Vous pouvez également vouloir vous faire mal.
Il est normal que vous ayez peur de passer à l'acte, malgré vous.
Des exemples typiques de pensées intrusives
Voici quelques exemples de phobies d'impulsion.
- La peur de tuer autrui ou soi-même – en présence d'un couteau apparaît l'idée de poignarder, ou à proximité d'une fenêtre ou d'un balcon, celle de (se) défenestrer.
- La peur de blasphémer en public.
- La peur de rire dans un endroit déplacé.
- La phobie de l’inceste – chez un père envers son enfant.
- La phobie de faire du mal – chez la jeune mère qui vient d'avoir un bébé (le tuer délibérément, l'étrangler, l'étouffer, le poignarder, le noyer ou pratiquer des actes incestueux).
À savoir : ces images phobogènes sont parfois associées à la dépression post-natale ; honteuse de ses pensées, la mère se détourne des soins qu’elle devrait donner à son enfant, elle se sent inapte et doit être assistée ; non dépistée, une phobie d'impulsion peut dans ce cas durer des années, accompagnée d'une dépression, avec toutes les conséquences sur l'éducation de l'enfant et la vie de couple que cela entraîne.
2. Faites la différence avec les troubles obsessionnels compulsifs
Dans la phobie d'impulsion, les injonctions paradoxales et intrusives, au caractère obsessionnel, sont présentes comme dans les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Mais l'obsession n'y est pas neutralisée par une compulsion de rituel absurde, ni par un comportement phobique d'évitement.
- Vous savez que ce n'est pas réel.
- Le fait de ne pas pouvoir évacuer des pensées malsaines crée un malaise, une anxiété, qui renforce le processus cognitif sans que vous puissiez réagir.
L’épisode est souvent transitoire.
- Les obsessions mentales sont survenues et se sont installées dans vos pensées comme un disque rayé.
- Vous n'avez développé aucun mécanisme de défense, et c'est tant mieux : vous allez pouvoir remédier au lieu de vous enfoncer.
Diagnostiquer une phobie d'impulsion et aller en thérapie est un grand pas pour se libérer.
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3. Comprenez les mécanismes de survenue des obsessions
L'irruption de représentations intrusives et obsédantes dans votre pensée est liée à un problème de traitement de l'information :
- Lorsque vous faites un effort de mémoire pour obtenir une réponse utile, vous allez, grâce à un réseau de cellules nerveuses cérébrales, chercher l'information dans une base de données composées d'associations d’idées.
- L'effort consiste à trier la bonne information.
Avoir des pensées obsédantes équivaut à renforcer un lien qui existe entre une émotion de peur et une information.
- Lorsqu'une idée inconvenable vient à l’esprit, on ne lui accorde généralement pas d’importance.
- Certaines images, reliées à l'émotion de peur et cataloguées comme « interdiction », « mal », « folie », « danger », « mort », etc., déclenchent un signal d’alarme.
- Être victime d'une pensée obsédante contre nature revient à buter sur une information incongrue, chargée d'émotion de peur. Non évacuée dans la sortie « idées stupides » ou « erreur de triage », elle reste alors prégnante dans le conscient, inacceptable et redoutable.
4. Connaissez le stade de votre trouble et les risques de son évolution
Si vous êtes victime de phobie d'impulsion, vous souffrez probablement des effets suivants :
- La confusion - vous perdez la confiance en vous et doutez de votre capacité de discernement entre ce qui est réel ou une émotion.
- L'isolement – l’idée obsessionnelle perturbe gravement votre fonctionnement social et fait que vous vous isolez ; la culpabilité vous fait taire, votre trouble reste caché.
- L'épuisement – à force de lutter seul contre les obsessions, sous l'effet de décompensation des défenses psychologiques, vous avez succombé, épuisé, à la dépression.
- L'anxiété – débordé par des forces incontrôlables, c'est parfois la panique.
Pour vous soigner :
- Entreprenez une thérapie dont le but est de vous distancier de vos obsessions – ce ne sont que des obsessions mentales qui ne sont pas réelles.
- Apprenez à vous calmer, autant physiquement que mentalement, de toutes ces émotions conséquentes qui vous agitent et évitez les paniques de peur.
- Faites-vous prendre en charge par un traitement médicamenteux si vous avez basculé dans la dépression par perte de toutes vos défenses psychologiques.
Y a-t-il risque de passage à l'acte ?
Votre problème n'est pas l'attribution d'un sens au contenu, ni un lien affectif avec une personne qui serait l'objet de vos idées. C'est seulement la valeur choquante et perverse d'une image qui « ne devrait même pas vous effleurer l'esprit ».
Si vous souffrez d'une phobie d'impulsion stricte, sans autre pathologie psychiatrique, vous n'êtes pas victime de distorsion cognitive inconsciente.
- Vous disposez de bases socioéducatives solides, telles que le discernement et la conscience, qui neutralisent le besoin d’obéir à l’ordre.
- Vous n'avez pas perdu contact avec la réalité et vous savez qui vous êtes. Vos obsessions ne vous paraissent pas réelles, seulement monstrueuses, et suffisamment récurrentes pour avoir peur de devenir ce monstre.
- Vous n'êtes pas enfermé dans une pathologie de comportement, ni dans un transfert de vos problèmes ou de vos sentiments sur quelqu'un d'autre.
Le besoin d'être aidé
Vous n'avez pas à refouler le passage à l’acte. Mais vous le taisez parce que vous avez conscience de la folie de l'inacceptable : la perception entre la limite du possible et de l'impossible se confond en vous à cause de la grande agitation mentale que vous procurent ces obsessions.
Cette lutte vous épuise et vous devez être aidé.
Important : faire un diagnostic est important car une phobie d'impulsion auto-agressive ou meurtrière peut se retrouver dans d'autres tableaux cliniques, névroses ou maladies ; le passage à l'acte sort du cadre de la phobie d'impulsion.
5. Recourez à différentes thérapies pour soigner votre phobie d'impulsion
Le but est que les images phobogènes deviennent de vieux souvenirs déchargés d'émotions. Les thérapies les plus pertinentes visent à visiter les automatismes de pensée, en restructurant l’organisation cognitive par l’apprentissage de nouveaux comportements.
En acceptant que vous êtes victime d'obsessions mentales qui ne sont pas vous, vous êtes prêt pour vous en libérer.
Le choix d'une thérapie
Pour calmer et soigner la symptomatologie somatique de la dépression (décompensation neurophysiologique), de l'angoisse, de l'anxiété, de la panique, faites-vous prescrire une ordonnance par votre médecin.
D'autres alternatives existent aussi, qui peuvent vous aider.
Une aide par les plantes
Au début, demandez conseil en pharmacie ou en herboristerie pour choisir des plantes adaptées à votre situation. Une fois que vous aurez déterminé celles qui vous conviennent, vous pourrez les adopter sur le long terme.
- Prenez rituellement, tout au long de la journée, des infusions de plantes ou des boissons chaudes avec des gouttes de valériane, millepertuis, camomille, passiflore, mélisse, par exemple.
À savoir : des préparations de phytothérapie existent, comme Euphytose®.
- Certains remèdes homéopathiques vous soulageront, n'hésitez pas à demander des conseils à un pharmacien spécialisé ou à consulter un homoépathe.
- L'élixir « Peur » des fleurs de Bach est à privilégier : ajoutez-en 16 gouttes à votre bouteille d'eau minérale, à boire chaque chaque jour.
- Installez ces habitudes quotidiennes sur le long terme 4 fois par jour.
Une activité physique régulière
Instaurez la routine d'une activité physique, de préférence en groupe, une demi-heure par jour, à un moment déterminé :
- constatez les améliorations de votre capacité physique ;
- notez les progrès de vos performance, en vous fixant des challenges pas trop difficiles
Exemple : un exercice de souplesse en yoga.
Vous diminuerez ainsi le pouvoir de vos obsessions mentales.
Une activité créatrice
Optez pour une activité intellectuelle ou créatrice :
- cela vous offre le cadre d'une discipline, avec un intérêt instructif ;
- cela donne une fonction d''apprentissage à votre cerveau, qui indirectement rééduque vos pensées.
Choisissez celle qui développe votre curiosité avec passion : ainsi les obsessions perdront de leur fréquence de survenue.
La verbalisation
Verbalisez le contenu de vos obsessions, aussi longtemps qu'il le faut, jusqu'à ce que l'évocation de ces pensées obsessionnelles ne véhicule plus de charges émotionnelles.
- Visualisez pour vous distancier : pour cela, travaillez avec un hypnothérapeute (spécialiste de l'hypnose).
- Apprenez à gérer votre culpabilité et l'angoisse conséquente.
- Confrontez-vous à vous-même en vous exposant à un groupe : en Gestalt thérapie ou en thérapie cognitive et comportementale (TCC), par exemple.
À savoir : les groupes de travail en Gestalt thérapie donnent de très bons résultats grâce à la confrontation et l’implication du sensoriel dans les mises en situation.
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Une thérapie inscrite dans la durée
Il ne s’agit pas de faire une thérapie brève. Il vous faut en effet :
- comprendre le mécanisme de ce trouble ;
- cesser de paniquer lorsque viennent les peurs ;
- objectiver, vous détacher de cette phobie d'impulsion et retrouver de l’énergie pour faire autre chose ;
- découvrir que d’autres souffrent des mêmes maux que vous, indicibles.
Conseil : entretenez le résultat des étapes passées en faisant une thérapie tous les 2 ou 3 ans, pour consolider les progrès acquis et continuer à avancer.
Tout au long de votre vie, travaillez la confiance en vous : débarrassez-vous des complexes qui vous poussent à accorder trop d'importance à la façon dont les autres vous perçoivent.
Un traitement antidépresseur ne résout pas tout
Le traitement antidépresseur est conseillé pour lutter contre l’épuisement neurologique et hormonal, notamment si :
- vous ne pouvez pas remonter la pente de la dépression tout seul ;
- vous perdez la motivation et l'énergie de vouloir vous en sortir ;
- vous baissez les bras face à la panique de plus en plus présente.
Il ne s’agit pas d’un remède universel, car il a parfois des effets secondaires contradictoires (cauchemars, somnolence), ni d’un traitement de première intention.
Il ne fera pas le travail à votre place : il ne vous libérera pas du contenu de vos pensées, ni de leur caractère obsessionnel. S’il vous calme, il doit surtout vous donner du temps pour agir de manière efficace contre ce trouble fonctionnel.