
Tout animal ressent la peur face à un danger, c'est l'instinct de préservation. Chez l'homme, il existe deux types de peurs spécifiques qui coexistent :
- les peurs perçues par surprise, qui servent à l'apprentissage ;
- les peurs acquises résultant de l'apprentissage, intériorisées et ressenties suite à des pensées. Ce sont ces dernières qui sont les plus difficiles à maîtriser.
Cette fiche pratique explique comment gérer ses peurs.
Zoom sur la peur
Définition de la peur
La peur est liée à une réaction originelle de rétraction/expansion, base du réflexe d'évitement ou d'affrontement.
En tant qu'émotion primaire, la peur est puissante, rapide :
- Elle est perceptible à des niveaux infraliminaires par les animaux.
- Elle est détectable par les substances sémiochimiques sécrétées à votre insu.
- Elle est contagieuse : elle se propage comme une onde.
Ses manifestations mobilisent ou déstabilisent :
La peur déclenche une série de réactions physico-chimiques dans le système neuro-végétatif. Vous ressentez, de manière réflexe et parfois insensée, des manifestations corporelles intimes et difficiles à cacher telles que :
- palpitations cardiaques, essoufflement, transpiration, soif, tensions physiques, perte du naturel, expression figée de la face, sensations thermiques, rougissement ou pâleur, altération de la digestion, diarrhées émotionnelles, vomissements, tremblements, malaise, insomnies ;
- confusion psychique et comportementale d'inhibition ou, au contraire, de surréaction inappropriée ;
- perturbations cognitives, accès réduit au vocabulaire, à la logique et à l'argumentation.
La peur s'associe de manière automatique à vos souvenirs ou à vos pensées :
Des neurotransmetteurs et hormones spécifiques fixent cette émotion aux idées dans votre mémoire. Chacun possède dans son cerveau une cartographie unique de connexions neuronales représentant des situations générant de la peur :
- Ces circuits représentent des événements remarquables pour vous seul.
- Les replis de votre cerveau emmagasinent ainsi un réseau de situations virtuelles, sources de stress et de conflits intérieurs.
Les souffrances liées à la peur
Si cet état de stress s'installe, l'état de peur devient une façon de penser et génère des souffrances telles que :
- troubles du sommeil, accès de panique, anxiété, angoisse, phobies, névroses avec agressivité, tendances paranoïaques ;
- affaiblissement de vos capacités avec toutes les conséquences liées dans votre vie et celle de votre entourage ;
- baisse de vos défenses immunitaires.
Les peurs intériorisées induisent des maladies organiques destructrices :
- certaines formes de diabète et d'obésité, rectocolites hémorragiques, hypertension artérielle, trouble du rythme cardiaque, maladies coronaires, hémorragies cérébrales, ulcère gastro-duodénale, baisse des défenses immunitaires face à des tumeurs envahissantes ;
- La plupart des troubles anxieux sont préexistants aux cancers.
1. Observez et reconnaissez vos peurs
Difficile d'échapper à l'effet immédiat des réactions physico-chimiques en jeu qui vous envahissent et vous mettent dans un état psychique plus troublant qu'utile.
Discernez la peur réelle de la peur acquise
- La peur normale est déclenchée par un fait précis dans votre présent et par surprise. Elle mobilise avec pertinence vos capacités.
Exemple : vous attrapez votre enfant face à un danger réel, comme l'arrivée d'une voiture sur la route, sans y penser.
- La peur acquise, mentalisée est celle qui provoque souvent des comportements inadaptés.
Exemple : le trac à un examen.
Observez comment vos peurs créées et acquises conditionnent votre vie :
- Vous avez tendance à identifier vos peurs à une réalité et à interpréter tout événement à travers ce jugement.
- Vous faites des mauvais choix selon les conséquences supposées de vos peurs imaginaires.
Prenez conscience des mécanismes mis en place
Reconnaissez la stratégie que vous avez adoptée pour gérer vos peurs, elle marque votre personnalité.
1. Vous recherchez le contact avec la peur d'une manière détournée et inconsciente, par exemple :
- dans la répétition compulsive d'une situation anxiogène ;
- ou dans l'addiction chimique à une émotion forte, comme jouer au casino.
2. Vous contournez, évitez, oubliez vos peurs :
- avec des compensations artificielles telles que les drogues ou des habitudes addictives nocives, comme par exemple la boulimie ou l'alcoolisme, pour échapper aux peurs existentielles (peur de l'ennui, peur de la solitude, peur de la non-acceptation sociale…) ;
- en vous soumettant à une discipline fermée qui vous empêche de penser, telle qu'une secte : c'est une manière d'absorber les souvenirs douloureux et les peurs héritées de votre biographie ;
- en vous isolant pour éviter les blessures affectives et sociales telles que la peur de l'amour.
3. Vous agissez et vivez courageusement avec vos peurs au détriment de votre santé :
- en faisant preuve de bravade et de courage jusqu'à épuisement de vos ressources personnelles car vous croyez que toujours agir avec ses peurs sans les soigner est vertueux ou salutaire ;
- en jouant un rôle toute votre vie.
Faites le lien entre vos peurs enfouies et leurs conséquences fâcheuses dans votre vie :
L'acquisition d'attitudes fausses ou nocives afin de contourner ou d'éviter ses peurs intimes conduisent souvent à faire des mauvais choix tout au long de la vie, pour soi, mais aussi pour l'entourage :
- mauvais partenaires ;
- agressivité ;
- colères rentrées qui explosent soudain ;
- achat compulsif ;
- recherche narcissique ;
- TOC.
2. Installez des techniques routinières pour vous aider à gérer vos peurs
Lorsque vous êtes chez vous, installez des habitudes de comportement qui vous aideront à vaincre vos peurs. Vous libérer petit à petit, c'est diminuer votre niveau d'anxiété et augmenter votre immunité aux facteurs de stress.
- Recherchez une situation émotionnelle neutre pour une introspection rationnelle : pratiquez le plus souvent possible, dans n'importe quelle situation favorable. Cela n'est possible que dans un état d'humeur positif, mais sans trop d'excitation non plus.
- Habituez-vous aux situations anxiogènes pour vous désensibiliser seulement lorsque vous avez réussi à installer un état d'humeur positif :
- Favorisez le moindre micro-événement qui vous rende content dès le matin.
- Décortiquez chaque pensée liée à la peur, une à la fois.
- Faites passer de l'intolérable au désagréable normal une situation de peur en vous y confrontant d'abord en pensée, puis réellement.
- Détachez-vous de la situation imaginée en réalisant que ce n'est pas la situation réelle. Pratiquez cela tous les jours.
- Lorsque vous êtes émotionnellement neutre et détendu, vérifiez toutes vos hypothèses en les confrontant avec des faits réels. L'exposition volontaire répétée à la situation anxiogène, en milieu protégé, amoindrit la charge émotionnelle (de la même façon que l'on diminue la sensibilité à un stimulus provoquant une douleur, comme par exemple la chaleur).
- Pratiquez régulièrement une activité physique sportive : il est indispensable de drainer votre énergie émotionnelle.
- Choisissez une technique de relaxation centrée sur vous : yoga, méditation, sophrologie, relaxation…
- Prenez des remèdes naturels qui apaisent.
- Révisez votre niveau d'estime de vous et de confiance en vous : si votre personnalité est construite sur une base affective déficiente, elle favorise la génération de peurs dans votre cerveau, ainsi qu'une susceptibilité à leur obéir. L'évitement des peurs du type peur de l'ennui, peur de la solitude, peur de la non-acceptation sociale en est une conséquence.
Important : il n'y a pas de liberté face à ses peurs ni d'accès à la sérénité sans un niveau d'estime de soi et de confiance en soi suffisant pour une base émotionnelle stable et équilibrée.
Article
3. Utilisez les thérapies à votre disposition pour gérer vos peurs
La plasticité du cerveau crée et élimine des peurs. Les cartes géographiques de votre mémoire sont faites de liaisons synaptiques qui se créent et se défont tous les jours. Ces connexions entre vos neurones se renforcent ou au contraire s'affaiblissent jusqu'à être neutralisées.
Les thérapies cognitivo-comportementales utilisent cette plasticité pour vaincre les peurs dans le but de :
- dissocier la situation virtuelle de la réalité ;
- vous distancier de vos pensées psychogènes en créant de nouvelles réalités non associées à la peur.
C'est le principe de la reprogrammation neuro-sensorielle : vous agissez consciemment sur vos représentations mentales à partir d'un état de perception attentif.Ce dernier correspond à l'état de diminution maximale des tensions : c'est le moment qui permet de modifier ses pensées suivant la logique de la plasticité cérébrale.
Des techniques qui permettent d'atteindre une position émotionnelle neutre
Ces techniques permettent d'obtenir « l'ici et maintenant », la position émotionnelle neutre pour reprogrammer votre univers cognitif :
- la méditation éveillée ou l'induction hypnotique : augmentez progressivement votre capacité consciente de vous focaliser sur l'instant présent en commençant par des situations simples ;
- la pensée positive : favorisez cet état par le passage d'un état d'humeur émotionnelle inférieur à un état supérieur ;
- la verbalisation ou le récit écrit (ou suivre pas à pas la méthode de la loi d'attraction) initie la distanciation, mais nécessite un complément de stimulations sensorielles, et parfois une aide pharmacologique ;
- l'EMDR procède avec la verbalisation et les mouvements oculaires, ou la sollicitation bilatérale du cerveau, pour mobiliser les traces sensorielles mémorisées et associées aux cognitions de peur ;
- la technique de l'exposition, accompagnée par des professionnels, vous confronte à votre situation anxiogène grâce au port d'un casque de réalité virtuelle. La situation doit être précise : peur du vide, des araignées, de l'avion, agoraphobie…
Les traitements pharmaceutiques additionnels sous contrôle médical
- Ils inhibent la sécrétion des neuromédiateurs de la peur pendant la thérapie.
- Ils libèrent le patient qui cherche à désactiver ses souvenirs ou croyances anxiogènes.
Exemple : bêta-bloquants, anxiolytiques, tranquillisants, antidépresseurs…
Bon à savoir : leur effet n'est efficace que si vous êtes déjà engagé et suivi dans le cadre d'une thérapie de reprogrammation neuro-sensorielle ou cognitivo-comportementale.