Les troubles thymiques, ou troubles de l’humeur, appartiennent aux troubles psychiatriques et se caractérisent par une instabilité de l’humeur sans que la personne ne puisse la contrôler. Il peut s’agir d’une dépression ou d’une exaltation comme dans le trouble bipolaire. Les conséquences importantes sur la vie quotidienne nécessitent une prise en charge spécialisée.
Troubles thymiques ou les troubles de l'humeur : définition
Les troubles thymiques ou les troubles de l’humeur affectent environ 10 % de la population. À la différence des mouvements d’humeur normaux en réponse aux évènements tristes ou heureux, les troubles de l’humeur entraînent des conséquences sur la vie quotidienne. L’humeur est vécue avec une plus grande intensité, pendant des périodes plus longues que la plupart des gens, en général plusieurs semaines ou plusieurs mois.
Parmi les troubles de l’humeur, on distingue la dépression d'autres troubles.
La dépression
Il peut s'agir ici :
- d'une dépression qui peut être réactionnelle à un évènement (deuil par exemple) ou non ;
- d'une dépression du post-partum, qui survient juste après la naissance ;
- d'une dépression saisonnière (qui apparaît dès l’automne et se prolonge en hiver avec la diminution de la luminosité).
- d'une dépression de l’enfant et de l’adolescent.
Troubles associés
Dans le cas d’un trouble de l’humeur, l’émotion (colère, tristesse, joie) est vécue de façon exaltée et intense. Malgré tous les efforts qu’elle peut entreprendre, la personne n’arrive pas à contrôler ses émotions et les conséquences sur sa vie quotidienne, autant sur le plan personnel, que familial, social ou professionnel.
La mélancolie, qui est une forme grave de dépression qui peut s’accompagner de délires et d’hallucinations, le trouble bipolaire (anciennement appelée « psychose maniaco-dépressive ») qui alterne des phases de dépression et de manie et la dysthymie, un état entre la dépression et l’état normal, en font partie.
Par ailleurs, on observe de façon assez évidente une perte de la diversité et de la richesse du microbiote intestinal (une dysbiose intestinale, c'est-à-dire un déséquilibre de la flore intestinale) chez les sujets atteints de dépression, ce qui pourrait sans doute être le cas en cas de troubles de l'humeur particulièrement marqués.
Symptômes des troubles de l'humeur
Les symptômes des troubles de l’humeur varient en fonction de la cause et du trouble lui-même. Dans le cas d’une dépression, il existe une tristesse, un sentiment de détresse et de souffrance morale, une perte de la motivation et du plaisir, des troubles du sommeil et de l’appétit, un sentiment de culpabilité, une fatigue chronique, des idées suicidaires, des difficultés de concentration et de mémoire.
Dans le cas d’un épisode maniaque, en particulier dans le trouble bipolaire, les symptômes sont une exaltation de l’humeur, une diminution du temps de sommeil, des projets mégalomaniaques et un optimisme exagéré, des dépenses financières inconsidérées, une absence de fatigue, une irritabilité, une hyperactivité et un manque de jugement.
Tous les symptômes des troubles de l’humeur durent plusieurs semaines, entraînant des conséquences dans tous les domaines de la vie quotidienne et faisant souffrir l’entourage autant que la personne.
Bon à savoir : dans le cadre d'un trouble bipolaire, un certain nombre d'examens biologiques et techniques, à pratiquer systématiquement ou non, sont inclus dans la liste des examens exonérés de ticket modérateur.
Les causes des troubles thymiques
Les troubles de l’humeur n’ont pas une seule cause. Ils sont liés à une combinaison de facteurs entraînant l’apparition des symptômes de façon progressive ou brutale :
- les antécédents familiaux de troubles de l’humeur ;
- la maltraitance ou les chocs émotionnels ;
- les antécédents personnels de troubles de l’humeur ;
- un événement de vie douloureux comme un changement professionnel, un deuil ou une séparation, une maladie physique comme un cancer ou une maladie chronique ;
- une forte anxiété ;
- la prise de certaines substances comme les drogues ou l’alcool ainsi que les addictions en général.
Notez également qu'une équipe française de recherche en psychiatrie a confirmé la présence d'un facteur de risque commun entre la schizophrénie et les troubles bipolaires, à savoir une variation du gène SNAP25, un gène impliqué dans la neurotransmission.
Dans certains cas, aucune cause n’est clairement identifiée. Ils peuvent toucher n'importe qui, sans distinction d’âge, de sexe, de statut socioprofessionnel ou d’origine ethnique.
Bon à savoir : une étude française publiée dans le BMC Medecine relève que les sujets jeunes, fumeurs ou anciens fumeurs, obèses et ayant de faibles revenus sont ceux qui consomment le plus d’aliments ultra-transformés. Or, le risque de développer des symptômes dépressifs serait favorisé par l'augmentation de la consommation de ce type d’aliments.
Troubles de l'humeur : traitement
Il est recommandé de consulter le médecin traitant ou un psychiatre dès les premiers symptômes, sans attendre le retentissement sur la vie quotidienne.
Bon à savoir : l’application pour smartphone « Mon suivi psy » facilite la communication avec le professionnel de santé en permettant au patient de remplir chaque jour (l’appli propose un rappel quotidien), en moins de 2 minutes, le journal de ses symptômes et de ses ressentis afin d’avoir une vision plus fidèle et objective de son état et de son évolution dans le temps. Le patient peut montrer tous ces éléments au professionnel de santé directement sur son téléphone, lors de la consultation.
Le traitement de tous les troubles de l’humeur dure en général plusieurs mois à plusieurs années, parfois même à vie (dans le cas du trouble bipolaire par exemple). En fonction des cas, il se compose de mesures socioprofessionnelles comme un arrêt de travail, une adaptation de poste ou un mi-temps thérapeutique, le suivi d'un traitement médicamenteux (antidépresseurs, thymorégulateurs, anxiolytiques, antipsychotiques de première et deuxième génération, antiépileptiques, carbamazépine, éventuellement sédatifs et hypnotiques) et une psychothérapie avec un psychologue et/ou un psychiatre (ou un neuropsychiatre), seul ou en groupe. Le traitement d'éventuels troubles addictifs est également nécessaire.
De plus, puisque de nombreux arguments plaident en faveur d’une dysbiose intestinale chez les patients souffrant de dépression, la corriger pourrait potentiellement être efficace contre les troubles de l'humeur. On peut avoir recours aux probiotiques qui ont effet important sur les symptômes dépressifs de patients atteints de syndrome de l’intestin irritable, mais de façon plus radicale et probablement plus durable à la transplantation de microbiote fécal (TMF). Cette technique consiste à transférer des selles dʼun donneur sain dans le tube digestif dʼun patient receveur pour rééquilibrer sa flore intestinale. En pratique on utilise des gélules préparées sous la responsabilité dʼune pharmacie à usage intérieur (PUI) dʼun établissement de santé.
Bon à savoir : de récentes études suggèrent que les bénéfices de la coenzyme Q10 pourraient s’étendre au spectre des maladies dites « mentales », y compris les troubles de l'humeur (une supplémentation à hauteur de 500 mg/jour pourrait donc s'avérer intéressante). De même, une complémentation en vitamine B6 (100 mg/jour) permettrait de réduire efficacement les troubles de l'humeur.