
Malgré leur réussite évidente, les personnes vivant le syndrome de l'imposteur restent persuadées que leur succès est entraîné par un concours de circonstances, leur travail assidu ou leurs relations inter-professionnelles.
Elles ne croient pas en leur intelligence et leurs compétences. Elles pensent tromper le monde, et craignent que l'on découvre la vérité. Leurs sentiments peuvent finir par entraîner des situations confirmant leurs idées de dévalorisation et de dénis. Zoom sur le syndrome de l'imposteur dans notre article.
Syndrome de l'imposteur : késako ?
Le syndrome de l'imposteur résulte de pensées dépréciatives auxquelles la personne donne raison. Les pensées deviennent une impression ennemie dirigée contre la victime de ce syndrome elle-même.
Au plus profond d'elle, la personne croit intensément, et non par humilité, que ses succès sont le hasard de la chance voire une erreur.
Elle ne parvient pas à reconnaître objectivement sa juste valeur et est persuadée d'être « mauvaise » alors que son entourage l'admire et l'estime :
- elle ressent un doute vis à vis d'elle-même ;
- elle a une faible opinion d'elle et manque d'estime pour elle-même ;
- elle se déprécie, se trouve nulle ;
- elle dénigre ses compétences ;
- elle ne se sent pas légitime et s'estime coupable.
Conséquences du syndrome de l'imposteur
Au quotidien, ce syndrome se manifeste par un travail jusqu'à épuisement et la conclusion que son succès provient de sa quantité de travail plutôt que de son talent, ou à l'inverse, quelqu'un qui appréhende un examen va manquer son train au moment des épreuves, validant ainsi sa pensée d'être incapable.
Jour après jour, la personne se sent fragilisée :
- elle craint d'être avec les autres ;
- elle a peur de parler en public ;
- elle doute de ses compétences ;
- elle peut même demander sa démission et se sentir en échec, ce qui augmente et entretient le syndrome de l'imposteur.
Ces troubles de dévalorisation peuvent l'emmener vers une dépression ou un épuisement professionnel.
Bon à savoir : l'imposteur est quelqu'un qui trompe les autres. Dans le syndrome de l'imposteur, la personne pense qu'elle se trompe elle-même.
Le syndrome de l'imposteur peut apparaître dans des moments de transition de vie :
- le commencement d'études supérieures ;
- le début d'une promotion professionnelle ;
- un changement de travail ;
- la naissance d'un bébé…
Syndrome de l'imposteur : personnes concernées
Dès l'enfance, ce « devoir de légitimité » peut être ressenti.
La psychothérapeute, Bénédicte Carreras, explique : « L'origine de ce syndrome se trouve en général dans l'enfance, au sein de la cellule familiale ou à l'école, entre 0 et 6 ans, puis à l'adolescence. C'est notable à l'adolescence si l'on est pris d'une admiration sans bornes pour quelqu'un d'important, le père, la mère, un membre de la fratrie, une figure charismatique pour l'ado. Dans un soucis de perfection, il va alors concentrer toute son énergie psychique sur ce modèle, souvent inatteignable. »
60 à 70 % des individus rencontrent le syndrome de l'imposteur à un moment ou à un autre de leur vie, aussi bien hommes que femmes, et en particulier :
- les personnes brillantes ;
- les personnes autodidactes ;
- les artistes ;
- les personnes ayant de hautes responsabilités sans être diplômées, et travaillant avec des collègues venant de grandes écoles ;
- une femme exerçant son métier dans un univers masculin ;
- les personnes perfectionnistes progressant vite dans leur carrière ;
- les personnes changeant plusieurs fois de métier au long de leur vie, et en recherche d'identité ;
- une mère, un père qui doutent de leurs compétences parentales ;
- en couple : « il/elle me croit mieux que je ne suis ».
La théorie de l'attachement met en place, entre autre, la capacité à se comprendre et à comprendre autrui. Il est vital d'avoir un « bon modèle au près de soi » . Notre vie sociale est basée sur la comparaison et induit le syndrome de l'imposteur :
- absence de valorisation de l'enfant ;
- être issu d'une famille très modeste peut donner le sentiment de ne pas être à la bonne place vis à vis de sa haute responsabilité professionnelle ;
- être une fille dans une famille où l'on préfère les garçons peut faire douter de sa propre valeur ;
- être d'une famille où l'un des parents est autoritaire : la personne ressent alors de la difficulté à s'extraire de cette domination.
Syndrome de l'imposteur : venir en aide aux victimes
Il s'agit là d'encourager la personne en situation de syndrome de l'imposteur à considérer ses propres ressources et à nommer les difficultés rencontrées pour qu'elle se libère de ce syndrome.
« Il faut apprendre à identifier les preuves de réussite, à amener des nuances dans le processus de pensées qui amène à se rabaisser ». Le perfectionnisme peut alors être un piège.
Les femmes partagent ensemble plus volontiers leurs difficultés. La parole les aide à dépasser le problème et à le relativiser. C'est un syndrome qui est souvent vécu secrètement parce que la personne a honte. En parlant et en échangeant, elle prend conscience que ce syndrome est en fait vécu par beaucoup de monde au travers de la vie.
En faisant de petits pas jour après jour, avec patience et douceur, en se fixant des objectifs possibles à atteindre, on avance vers une indulgence, une acceptation de soi inconditionnelle, et une réelle confiance en soi en reconnaissant simplement sa propre valeur. Nous sommes humains, et donc, nous pouvons faire des erreurs aussi.
Bon à savoir : dans les années 70, deux psychologues chercheuses américaines, R. Clance et S. Imes observent des femmes ayant de grandes responsabilités professionnelles, et constatent que celles-ci n'expliquent jamais leur succès par leur intelligence, et voudraient comprendre pourquoi. Elles se demandent alors si les femmes sont plus touchées que les hommes. En fait, « cela concerne aussi bien les hommes que les femmes, mais les femmes y sont plus sensibles car elles reçoivent moins de soutien. »